•  

    Tramway des Mines du Zaccar

    Le chemin de fer de Lencouacq à Jouret ne fut pas la seule ligne française à voie de 0,75m. Jean- Pierre Vergez-Larrouy en a découvert une seconde dans ce qui était autrefois le département d'Alger. Son histoire est encore plus méconnue que celle de la petite ligne landaise et sur bien des points, ou en est encore réduit à des suppositions. Texte : JEAN-PIERRE VERGEZ-LARROUY I jir: ;',.1 MILIANA (Alt. 720 m) 7-1.1 ! à 1/1.'iLes mines de fer de Zaccar, situées au nord de Miliana à une centaine de kilomètres à l'Ouest d'Alger, étaient connues dès le début de la colonisation. Le ler septembre 1874, un arrêté du gouverneur général concédait l'exploitation de la mine à MM. Dupin et Allemand, pour une durée de 17 ans. Un autre arrêté en date du 5 mars 1888 prorogeait ce droit en faveur des frères Giraud, deux banquiers oranais, jusqu'au ler juillet 1906. Une nouvelle société fut créée, la société Mine du Zaccar Agglomération entourée d'un ancien mur d'enceinte lb grz à voie normale unique des Chemins de fer Algériens 72 EIZIEZ industriel• r Jules Giraud et fils. Elle poursuivait l'exploitation sans histoires jusqu'au 10 juin 1902, date à laquelle elle cédait ses droits à un industriel bruxellois, un certain 1- Arrivée du tramway à vapeur à Miliana derrière une 020 T Saint Léonard de 1903/4, en accotement de la route départementale P 6. Le convoi se compose de deux tombereaux à minerai, d'un fourgon et de deux voitures voyageurs (Photo : OR). Adelia 1 km Gare de 6.."_, T,-ro. Miliana- Margueritte -/T02,,•.,%), (Alt. 500 m) —2'•.04, industrielle sur route à voie de 0,75 m des mines du Zaca

    2 - Plus récente, la 020 T n°4 "Zaccar" (Saint Léonard 1510/1910) présente, comme ses soeurs aînées, une silhouette plus proche des locomotives "métriques" que des petites machines à voie de 60... mais le train de roues est passé à l'intérieur des longerons, voie de 75 oblige I (Photo : DR). 3 - Une silhouette que l'on ne renierait pas en Lozère ou à Romorantin. Tout comme le moteur Willème de 180 ch... La silhouette et les proportions de ce diesel série 200-1 à 3 sont rigoureusement similaires à ce que réalisent alors les ateliers des CFP pour la métropole. Mais pour notre voie de 75 algérienne, le nombre d'essieux (embiellés) est réduit de 3 à 2. Bref, un rêve de modéliste ! (Photo : OR). M. Theys. Le 22 janvier 1904, ce dernier cédait le tout à un consortium composé de la société anonyme des mines de Fillols, de MM. W. H. Muller et Cie, et de M. Cardozo. C'est ce consortium qui créait la société des mines du Zaccar, dont les statuts étaient déposés le 22 mars 1904.

     A la recherche d'une ligne perdue

    Pour l'évacuation des produits, l'exploitant décide de construire un chemin de fer industriel en voie de 75, afin de relier le carreau de la mine, situé à Miliana, à la gare PLM de Miliana-Marguerite, sur la ligne Alger-Oran. Miliana étant jusqu'alors excentrée par rapport au chemin de fer, le conseil général voit là un excellent moyen de faire d'une pierre deux coups. Il réclame donc le classement de cette relation dans les lignes d'intérêt général et la création d'un véritable tramway sur route en lieu et place du chemin de fer industriel. Déclarée d'utilité publique le 18 septembre 1908, la ligne est ouverte à l'exploitation le 14 octobre 1909. La mine proprement dite est desservie par un réseau interne à voie de 60. L'exploitation s'effectue à flanc de coteau, où le minerai est chargé sur des convois remorqués par de petites "locomotives à benzol". Un plan automoteur descend ensuite le minerai jusqu'à un dépôt de 30 000 tonnes, situé près du départ du tramway. L'énergie nécessaire au fonctionnement est fournie par deux usines hydroélectriques de 100 ch chacune, construites en 1921 et complétées en 1923 par une centrale thermique de 600 ch. Les installations ferroviaires sont également agrandies. On ne sait pas grand-chose sur l'histoire générale de ce chemin de fer, qui survécut à l'indépendance. La mine fut fermée en 1981, sur l'avis d'experts russes, et la ligne en voie de 75 aurait été déposée dans les années qui suivirent. En 1987, une partie du matériel était encore stationnée à Miliana. Il semble pourtant que 4 - Alors que les jeux sont faits aux Accords d'Evian pour l'indépendance de l'Algérie, le 19 mars 1962, l'Atelier de Montmirail des CFP livre encore à Zaccar un puissant diesel (300 ch Poyaud) à deux essieux embiellés aux formes modernes, qui n'est pas sans présenter quelques analogies avec le locotracteur Magic Train en Oe (Photo : R. Part). 5 - On regrette la qualité médiocre de cette rarissime photo montrant le dépôt atelier des mines du Zaccar, établi en 1912. Mais quel est cet engin au premier plan : trop gros pour une draisine coloniale, serait-ce un autorail d'inspection ? (Photo : OR). la mine était encore en activité à l'époque et que le réseau en voie de 60 était toujours en service. A noter qu'il existait d'autres gisements de fer, dit d'Oued Rehane, sur le versant sud du Zaccar. Ils furent exploités par la société des mines de fer de Miliana à partir de 1913, bien que la concession ne soit pas entérinée avant un décret du 19 décembre 1921. Les mines étaient reliées à la gare PLM d'Affreville par un transporteur aérien de 5 kilomètres de long, mais il existait peutêtre un chemin de fer à voie étroite sur le carreau proprement dit.

    Le matériel

     On connaît surtout celui du tramway en voie de 75. Les propriétaires de l'entreprise étant belges, c'est vers les entreprises de ce pays que l'on se tourna tout naturellement pour les premières commandes. En 1903, A. Theys commande deux petites 020 T chez Saint-Léonard (n°1379 et 1380 de 1903). Numérotées 1 et 2, elles sont baptisées "Miliana" et "Château-Ronsin". Sur le même type, la 3 "Jeanne" (Saint-Léonard 1430/1904) est commandée par H. Muller et Cie, l'année suivante. Cette première série se voit complétée par la 4 "Zaccar" (Saint Léonard 1510/1910), livrée après l'ouverture de la ligne. Deux autres unités légèrement différentes, n°6 et 7, sont livrées pendant la guerre. Les usines belges étant occupées, elles sont commandées en Angleterre (Kerr-Stuart n°3121 et 3122/1918). Ayant à remorquer des convois de marchandises au tonnage élevé, la compagnie se préoccupe assez tôt de disposer d'un modèle plus puissant. En 1912, elle réceptionne une grosse 020 + 020 T (n°5 "Marguerite", Saint-Léonardl 781/1912). Donnant apparemment satisfaction, le type est complété à la veille de la seconde guerre mondiale par les 8 "Adé- voirtiusRE lie" et 9 "Pierre-Noire" (Haine-Saint-Pierre n°1752/1936 et 1783/1937). Ces machines ont probablement clôturé l'ère de la vapeur sur la ligne, à la veille de l'indépendance. Il est probable que les premiers diesels arrivèrent au cours de la seconde guerre mondiale ou dans l'immédiat après-guerre. Il y a au moins trois engins diesel-hydrauliques à 3 essieux Gmeinder, numérotés 130-1 à 130-3, peut-être des prises de guerre comme semblerait l'attester le seul numéro de construction connu, celui du 130-1 : n°4040 de 1943... Imitant certains secondaires français, la compagnie fait ensuite procéder à la transformation de ses vieilles 020 T en locotracteurs diesels. L'opération est réalisée par les ateliers CFD de Montmirail, avec des moteurs Willème de 180 ch. Trois unités sont transformées en 1949 (CFD n°C 106 A à C), donnant naissance aux 200-1 à 200-3. Ils furent suivis des 250-4 (CFD C 125/1952) et 250-5 (CFD C 180/1953). Curieusement, la dernière vapeur est transformée beaucoup plus tardivement, avec un moteur Poyaud de 300 ch (CFD C 870). Numéroté 250-6, ce locotracteur est mis en service en 1961, un an avant l'indépendance de l'Algérie ! Les 6 locotracteurs CFD, ainsi que les 130-1 et 2, se trouvaient encore à Miliana en 1987, certains à l'état d'épaves. Le 130-3 était, quant à lui, stationné en gare SNTF d'Adélie. On est beaucoup moins bien renseigné sur le matériel en voie de 60 utilisé sur la mine. Il y a eu au moins une 020 T vapeur, la Orenstein-Koppel n°1993 livrée à A. Theys en 1906. Pour le reste, Deutz aurait livré sept locotracteurs neufs à une date inconnue, mais antérieure à la seconde guerre mondiale. La firmeL.L.D. aurait livré 3 locotracteurs type M 19 BE en 1943, et Gmeinder au moins un engin, n°4925 de 1955. Le Gmeinder a été vu hors service sur le carreau de Miliana en 1987, en compagnie d'un Deutz portant le numéro 4. D'autres étaient peut-être en service à l'intérieur de la mine.

     Une histoire vraie !

     Bien sûr, toute cette histoire de ligne ressemble à s'y méprendre aux scénarii des modélistes ferroviaires, lorsqu'ils cherchent à justifier la circulation de leurs trains à voie métrique sur un écartement du commerce courant (Voie métrique sur écartements HOe ou 0e). Dans le cas présent, la réalité a rejoint la fiction et ce tramway à voie de 75 est parfaitement authentique

    Le petit Train 


     

     

    « Le Petit Train » était un train à voie étroite, qui assurait le transport des voyageurs et des bagages entre Miliana–Ville et la gare d’Adélia (Ex. Miliana –Margueritte), durant environ les années I910 et 1936 / 37.


    Il circulait sur la même voie ferrée que le train qui assurait le transport du Minerai de Fer de la station des Belles Sources, où se faisait le chargement des Wagons jusqu’au déversoir de la gare d’Adélia.

    Le Minerai était ensuite chargé sur le train ORAN – ALGER pour être expédié sur les bateaux au Port d’Alger à destination soit des ports français ( Marseille – Port Vendre) ou européens( Grande Bretagne – Pays Bas – Belgique..).

    « Le Petit Train » de voyageurs et celui du transport du Minerai de Fer pouvaient se croisaient grâce à une double voie qui était installée au lieu dit « le Petit Drapeau », où les Locomotives à Vapeur pouvaient s’approvisionnaient en eau , grâce à un réservoir et une pompe qui y étaient installés.
    Le départ et l’arrivée du « Petit Train » se faisaient en face de l’entrée du Jardin Public Magenta et des Portes du Zaccar qui étaient l’entrée principale de la ville.


    Alors que le « Petit Train »assurait la liaison Miliana – Adélia avec un grand intérêt pour les voyageurs et offrait un aspect touristique des environs de Miliana, il fut supprimé au cours des années 1936 / 37 , pour des raisons que nous ignorons. Il fut remplacé par un AUTO-CAR qui assurait la même liaison, mais qui ne présentait plus ni les mêmes commodités de transport, ni le même charme « Petit Train ».



    A l’Indépendance, Miliana pouvait rétablir ce « Petit Train », qui était le seul en son genre en Algérie, malheureusement, il n’en a plus été question, car les Mines du Zaccar ont fermé leurs portes, et la voie ferrée qui avait une valeur inestimable a été supprimée totalement. Miliana a ainsi perdu un atout inestimable dans le cadre de son attrait touristique.

    Le départ du petit train d'Adelia 

    Les deux compagnons montèrent dans la jardinière du tramway à vapeur, attendant le départ qui tardait à cause des bagages. Ce petit train ne comprenait guère plus de trois wagons de voyageurs, un de marchandises et une locomotive sans tender ; lui aussi avait sa petite gare, une petite salle garnie d'une grande table, de deux chaises et d'un appareil téléphonique ; c'était là qu'on échangeait son bulletin de bagages ; comme chef de gare, le receveur du tramway suffisait ; celui-ci portait une chéchia et n'était payé qu'un peu plus de cent francs par mois.
    En voiture, cria-t-il enfin.


    Après quoi il fit résonner son sifflet et le mécanicien, un Arabe, par économie, le visage noir de charbon alluma une cigarette, fit démarrer le tramway et lança un flot de fumée sur les voyageurs.


    Le tramway sifflait, grinçait sur les rails, tournait, sous la pluie fine fournie par la vapeur qui s'échappait de la puissante mais petite locomotive. Le train s'arrêta, c'étaient les Righa : deux Arabes descendirent puis une femme de colon.

    Dépêchez-vous ordonna le receveur, en même temps chef de train et de la station.

    Le train repartit à une allure de vingt kilomètres à l'heure…


    Quelques minutes après, le tramway s'arrête de nouveau ; c'était l'Oued Azif, un croisement : on devait trouver là un train de minerai avec ses grands wagons à forme de profondes cuvettes .Là c'était des vignobles et là commençaient les immenses et beaux jardins de Miliana.



    Le voilà, là-bas, le train de minerai s'écrièrent avec joie deux demoiselles, élèves de l'Ecole Normale de Miliana.


    Le train parut en effet, dans un tournant ; la locomotive, Jeanne, traînait six grands wagons en fer, en forme de longs entonnoirs, remplis de minerai ; chaque wagon était monté par un serre-frein dont les mains, le visage et les vêtements étaient tout rouges ;


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :